Terrorisme au Sahel : les sénégalais dans les groupes djihadistes, la menace de l'est et la réponse des confréries

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Description

Des Sénégalais en Libye et au Nigéria

 

En 2012, lorsque la branche sahélo-saharienne d’Al Qaida, Aqmi et associés prenaient le nord du Mali, beaucoup de Sénégalais ne se sentaient pas concernés par ce qui était considéré comme une crise maliano-malienne. Il a fallu attendre trois années pour réaliser que les idéologies djihadistes traversaient les frontières et pouvaient atteindre tous les pays. 

 

Entre 2014 et 2015, de jeunes sénégalais, sous la férule de recruteurs (d’après les révélations faites au procès de l’Imam Ndao auquel j’ai assisté) ont épousé la cause djihadiste et ont décidé de rejoindre la Libye ou le Nigeria. À l’époque, l’État islamique déjà établi en Syrie et en Irak, y tenant même des capitales à l’image de Raqqa et de Mossoul, avait des visées en Afrique pour développer son influence. C’est ainsi qu’il s’est déployé en Libye où il a pris la ville de Syrte, située à 400 km, à l’ouest de Tripoli. Une prise importante pour le groupe jihadiste qui ajoutera dans son escarcelle des villes alentour comme Ben Jawad ou Nowfilia ou encore Qasr Abou Hadi où Kadhafi a vu le jour. C’est dans ce contexte d’expansion facilitée par l’instabilité du pays, que des sénégalais ont fait leur «hijra». Une colonie d’une trentaine de personnes (selon ce que les autorités sénégalaises ont toujours soutenu) qui ne tarda pas à prendre sa marque. Installés en majorité à Syrte, ils se sont fait remarquer sur la toile. 

 

Sur Facebook, certains d’entre eux comme Abdourahmane Mendy (un converti) et Elimane Diop (un étudiant à l’UCAD) ont prêché la cause du jihad armé, à visage découvert. Mais c’est Sadio Gassama, alors étudiant en médecine, qui aura attiré l’attention de tous pour avoir posté sur sa page qu’il était en terre d’Islam. Impliqués dans les activités du groupe terroriste selon ce que la propagande de l’Etat islamique véhiculait, ces sénégalais auraient pris part à d’intenses combats ayant lieu au district 4 de Syrte pour faire taire un début de contestation de l’autorité des nouveaux décideurs de la ville.

 

Au même moment, le nord du Nigeria accueillait aussi des sénégalais venus prêter main forte à Boko Haram qui venait de faire allégeance à l’État islamique. Ayant fait le voyage par groupe (d’après les révélations du procès de l’Imam Ndao en 2018), ils ont fait le même trajet. Au Nigeria où ils sont entrés par Abadam, ils seront ensuite conduits à Gwoza rebaptisée à l’époque Fathul Moubin par Boko Haram qui la perdra ensuite après l’offensive de l’armée nigériane. Sous les bombes de l’armée nigériane, le groupe était obligé de quitter la ville, ses sénégalais avec. Ces derniers se sont ainsi retrouvés dans la mythique forêt de Sambisa où leur première rencontre avec Abubakar Shekau a eu lieu. Cette audience a été provoquée par une dispute entre deux «recruteurs sénégalais», Moussa Mbaye originaire du Lac Rose et Aboubacry Guèye (Rosso, nord du Sénégal).  

 

Mis dans le secret, Shekau a convoqué les sénégalais, histoire de leur retrousser les manches. Ils s’entendront dire qu’ils doivent faire preuve d’endurance. Mais certains sénégalais n’auraient pas adhéré au dogme selon lequel la détention de documents administratifs (carte d’identité, passeport) d’un pays laïc était prohibée. De la majorité des témoignages faits devant la Chambre criminelle siégeant au tribunal de grande instance hors classe de Dakar qui traite les affaires liées au terrorisme, il est apparu que leur différend avec le chef de Boko Haram est parti de là. 

 

Au Sénégal, cette version ne convainc pas les enquêteurs qui sont convaincus que le retour organisé par Matar Diokhané et ceux qu’il appelait ses «boys» qui étaient au nombre de 10 (deux sont morts entre le Nigeria et le Niger) était motivé par l’installation d’une cellule locale du Boko Haram dans le sud du Sénégal.

 

Le procès du «siècle»

 

Courant octobre 2015, l'Imam Alioune Badara Ndao est nuitamment arrêté chez lui, à Ngane Alassane Extension, un quartier périphérique de Kaolack par la section de recherches de la gendarmerie. Le religieux est soupçonné de connexion avec le groupe du Nigeria. Son arrestation donnera le la de ce qui allait être la plus grande affaire judiciaire liée au terrorisme au Sénégal. Déjà arrêtés au Niger alors qu’ils étaient sur le chemin du retour, le groupe composé de Cheikh Ibrahim Bâ, Omar Yaffa, Mouhamed Lamine Mballo et Moussa Aw est intercepté à Zinder, au Niger et placés en détention. Déjà rentré en compagnie de Mouhamed Ndiaye dit Abou Youssouf et d’Ibrahima Diallo alias Abou Omar, Matar Diokhané doit retourner au Niger pour sauver ses «boys». Chose qu’il ne réussira jamais. Au contraire, il s’est fait lui-même arrêter et sera extradé en 2016 par les autorités nigériennes sur demande de Dakar. 

 

Parallèlement en Mauritanie, une vaste opération permet à la police de mettre la main sur des sénégalais dont certains ont fait le voyage du Nigeria. Mouhamed Ndiaye qui s’apprête à rejoindre la colonie sénégalaise de Libye après son expérience au Nigeria avec Boko Haram, où il aurait appris le maniement des armes, conduit un char et aurait même participé aux combats, a été ainsi pris et rapatrié avec ses compatriotes. Le dernier groupe des «combattants sénégalais» qui est passé par Gaidam (au Nigeria) composé de Moustapha Faye, Ibrahima Mballo et de Lamine Coulibaly connaît le même sort que celui passé par le Niger pour rentrer. Moustapha Faye meurt en prison au Nigeria alors que Coulibaly et Mballo qui ont poursuivi leur route seront finalement emprisonnés au Sénégal. Le reste des arrestations se fera à Dakar et concerne essentiellement le cercle de l’Imam Ndao et de Matar Diokhané présenté comme le cerveau du projet d’installation d’une wilaya de l’État Islamique entre le Sénégal, la Gambie et les deux Guinée. 

 

Les débats d’audience ont duré 3 mois (mai-juillet 2018) et ont été déterminants dans la nouvelle conception du terrorisme par le Sénégalais lambda. Fortement médiatisés, les aveux et les dénégations des accusés occupent la Une de la presse papier et numérique. Seul «malien» des accusés, Abdou Hakim Mbacké Bao fait trembler la salle 4 du tribunal de Dakar en relatant dans les détails son séjour dans le nord du Mali au sein d’Al Furqan. C’est la Katiba que dirigeait Yahya Abou El Hamam avant de passer chef de l’Émirat d’Aqmi au Sahel. Bao a avoué avoir appris la fabrication d’explosifs. Comme si cela ne suffisait pas, il confessa avoir gardé trois otages pour Aqmi. En liberté depuis 2017, l’un de ces otages, le sud-africain Stephen Mc Grown m’a confirmé que le sénégalais était l’un de ses gardes. Après le passage de Bao dont les avocats ont tout tenté pour le faire passer pour un «déséquilibré», il n’était plus question pour l’opinion publique sénégalaise de nier la pénétration de l’idéologie salafiste jihadiste chez certains jeunes. Condamné à 15 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs en relation avec une activité terroriste, Abdou Hakim Mbacké Bao n’a pas eu la même chance que son compatriote Boubacar Dianko. 

 

Dans la même période, cet imam sénégalais, arrêté en 2013 à la frontière avec le Mali, a été relaxé au bénéfice du doute, alors qu’il encourait les travaux forcés à perpétuité. Imam dans un quartier de la banlieue dakaroise, Boubacar Dianko doit sa comparution à sa relation douteuse avec l’ancien émir du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, Hamada Ould Mohamed Heirou. Preuve de la solidité de leur relation, c’est chez Dianko que le jihadiste mauritanien est allé quand il s’est évadé de la prison de Nouakchott. Quelques années plus tard, Hamada qui est entre-temps devenu le chef du Mujao, invite Dianko à Gao. L’imam sénégalais répond favorablement à l’invitation de son «ami» quand bien même il a voulu l’expliquer par un besoin de financement pour son daara. Mais pour l’accusation, Dianko était de mèche avec Hamada. Insatisfait du verdict rendu en première instance, le parquet a interjeté appel et espère le faire condamner à 15 ans de réclusion criminelle.

 

Empêcher coûte que coûte l'installation d'une cellule jihadiste

 

À partir de ce qui précède, on peut dire que la priorité des autorités sénégalaises, c’est d’abord d'empêcher l’installation par des locaux d’une cellule locale, fut-elle dormante. En même temps, il ne fallait pas aussi donner l’occasion aux groupes djihadistes, surtout ceux gravitant dans l’espace sahélien d’avoir un pied au Sénégal. C’est pour éviter l’aboutissement d’un tel schéma que des arabes maliens ainsi que des mauritaniens supposés liés aux auteurs des attentats de Ouagadougou et de Grand Bassam ont été interpellés entre 2016 et 2017 sur le sol sénégalais avant d’être placés en détention. Ils ont été jugés ce mois-ci par la chambre criminelle. Mais depuis quelques années, la menace a pris un une nouvelle forme. 

 

Une raison apparente, c’est que la fédération des organisations jihadistes du Sahel connu sous l’acronyme de GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) ne semble plus en mesure de conduire des attaques téléguidées. Sa « branche extérieure» Al Mourabitoun a été décapitée par Barkhane. Son commandant, l’arabe malien Mohamed Ould Nouini qui est l’instigateur des attaques terroristes contre Ouagadougou et Grand Bassam, a été tué le 14 février 2018 par l’armée française. Depuis sa mort et celle de plusieurs cadres du GSIM, cette coalition jihadiste n’a pas mené d’attaque dans une capitale régionale ouest-africaine comme Aqmi l’avait réussi à Bamako en 2015, à Ouagadougou et dans la station balnéaire de Grand Bassam entre janvier et mars 2016. 

 

La double attaque menée un mois après sa mort à Ouagadougou aurait été préparée par lui-même même si dans sa communication, l’alliance jihadiste affiliée à Al Qaïda a revendiqué les assauts contre l'État-major des armées burkinabè et l’ambassade de France à Ouagadougou au nom de la vengeance. Le GSIM qui voit ses chefs éliminés l’un après l’autre par l’armée française doit aussi faire face à la concurrence de ce qu’on peut appeler l’État Islamique dans le Grand Sahara. Cette organisation qui est affiliée à l’État Islamique a fait son apparition en 2015 sous l'impulsion du Sahraoui, Adnan Abou Walid As Sahraoui qui fut un cacique d’Al Mourabitoune. Une adversité s’installe non sans ce qu’on peut appeler un gentleman-agreement. 

 

Les deux groupes dont les membres ont presque cheminé ensemble se tolèrent malgré leurs positions divergentes. Dans le centre du Mali, cette cohabitation n’a pas prospéré puisqu’après la défection de Mamadou Mobo de la Katiba du Macina du GSIM, des combats ont éclaté entre les deux groupes et ont fait beaucoup de victimes de part et d’autre. Le Front de libération du Macina sort victorieux de cette guerre fratricide, mais ne commet pas l'imprudence de dormir sur ses lauriers. Comme nous l’avons déjà bien illustré dans un article paru le 20 novembre dernier sur Dakaractu, le jihadiste Abou Abderahman, le chef militaire de zone de Nampala a été chargé d’annihiler toute présence de l’État Islamique dans l’ouest malien. 

 

Selon nos informations, des bases auraient été également implantées dès le mois de mai entre Diéma et Yélimané (région de Kayes). Dans cette période et même antérieurement, cette partie du Mali a connu beaucoup d’attaques contre les forces de sécurité. On peut citer les attaques du 04 août et du 03 septembre qui ont respectivement ciblé la brigade territoriale de Sandaré (cercle de Nioro du Sahel, région de Kayes) et contre des militaires maliens à Guiré, dans le cercle de Nara (Région de Koulikoro). Cette dernière attaque a fait au moins 10 victimes parmi les soldats maliens. Vous devez sans doute constater que les civils ne sont pas ciblés. C’est ce qui différencie en partie le GSIM et l’EIGS. Le Gsim a besoin d’avoir avec lui les populations locales pour pouvoir s’installer progressivement. Dans la région de Kayes, des prêcheurs de la Katiba du Macina sont signalés à Kamiko, Koungo, Korera, Gavinane etc.

 

Le GSIM à l'assaut de l'est sénégalais

 

La présence des jihadistes dans l’extrême ouest malien fait craindre une incursion dans les pays limitrophes, à savoir le Sénégal et la Mauritanie, l’autre région des trois frontières. Si elle devait se faire, elle devrait se matérialiser par l’envoi d’éléments (pas certainement des combattants) qui se chargeraient dans un premier temps de constituer le noyau d’une cellule dormante, voire de recruter parmi la population locale. Pour l’organisation des Nations Unies, on y est déjà. 

 

Le 27e rapport de l’équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, présenté en application de la résolution 2368 (2017) concernant l’État Islamique, Al Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés dit que des éléments du GSIM, soutenus par des influenceurs islamistes radicaux, se sont implantés au Sénégal, le long de la route de Kayes, à Kafrine, à Bakel, dans la réserve de Ferlo et dans la zone d’extraction aurifère de Saraya. Nous avons tenté d’entrer en contact avec les auteurs du rapport, mais ils ne donnent pas d’interviews, nous a-t-on répondu. Si elle est avérée, cette infiltration semble pour le moment maîtrisée. Les actions préventives dans l’est du Sénégal se sont intensifiés depuis quelques années et nous pouvons citer l’installation du Garsi Sahel (Groupes d'Action Rapides de Surveillance et d'Intervention au Sahel) à Kidira, avec l’accompagnement de l’Union européenne, l’érection de bases militaires mais aussi les initiatives visant à renforcer la coopération entre les régions militaires des trois pays (Mauritanie, Mali et Sénégal. 

 

Mais il faut veiller à ce que les populations locales se sentent en sécurité chez elles, mais surtout qu’elles ne soient pas victimes d’une traque paranoïaque susceptible de faire l’affaire des groupes extrémistes. Malheureusement, les exactions commises contre les civils sont à la mode dans le Sahel. Dans son rapport paru en avril, la Coalition citoyenne pour le Sahel qui regroupe plusieurs organisations de la société civile sahélienne et ouest-africaine, a constaté qu’en 2020, la majeure partie des 2.440 civils tués entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger l’ont été par des forces de sécurité censés les protéger. 

 

Ce rapport propose aux pays en proie à des insurrections djihadistes de changer d’approche. La coalition préconise de prioriser la protection des civils, comme nous l’avons déjà souligné, mais également de promouvoir une stratégie politique pour s’attaquer aux causes profondes de la crise. Ils doivent aussi pouvoir répondre à l’urgence humanitaire et lutter contre l’impunité. Le Sénégal n’a pas encore connu d’attaque terroriste sur son sol, mais il doit faire siennes ces recommandations plus préventives que curatives.

 

Dans la zone aurifère du Sénégal qui est un rendez-vous de toutes les nationalités ouest-africaines, des actions sont en cours pour parer à toute tentative d’infiltration ou d’utilisation des fonds générés par l’extraction d’or pour financer des activités de type terroriste. Les arrestations de trafiquants ou d’exploitants clandestins ont été décuplées ces dernières semaines. 

 

 

À cela, ajoutons la résurgence des contrôles de personnes en transit à partir des sites d’orpaillage, comme l’a rappelé la partie sénégalaise à l’occasion de la rencontre tripartite entre les autorités des régions militaires de Tambacounda, de Kayes (Kayes) et de Sélibabi (Mauritanie) qui s’est tenu du 6 au 8 avril dernier à Tambacounda. Il s’agit pour le Sénégal d’organiser la réglementation des permis d’exploitation aurifère, mais aussi de réguler les flux de personnes et de devises entrant et sortant tout le long de la frontière commune du Sénégal.

 

Les confréries face à l'extrémisme violent 

 

À travers leur engagement dans des groupes djihadistes, les sénégalais dont nous avons dressé les profils expriment leur rejet de l’État laïc mais ils n’en veulent pas moins aux confréries desquelles se revendique la majeure partie des musulmans sénégalais. Mais les «tarikhas» sont-elles réellement un rempart contre l’extrémisme violent ou le terrorisme ? Avant d’apporter des éléments de réponse à cette question, rappelons que le Sénégal compte quatre principales confréries. Il s’agit de la Mouridiya, de la Khadriya, de la Tidianiya et de la Lahiniya. 

 

Dans ces confréries, renseigne la reflexion de l’Observatoire africain du religieux titrée «LE PÉRIL JIHADISTE À L’ÉPREUVE DE L’ISLAM SÉNÉGALAIS», «les maîtres y sont appelés sheykh ou serignes ou marabouts, des termes qui insistent sur l’idée de grade et de statut, mais aussi de magistère, tandis que les disciples ou taalibé sont à la fois des impétrants et des serviteurs. Dans un ordre d’échelle, poursuit la même étude, les confréries peuvent épouser les contours de communautés discrètes et marginales dans le nombre, elles peuvent aussi agréger des masses très importantes de fidèles.

 

Pour jauger leur influence, le jeune chercheur Seydi Djamil Niane, dans son étude intitulée «radicalisme et à la contestation de l’Islam confrérique au Sénégal» convoque le recensement général de la population de l’habitat de 1988 (réalisée par la Direction de la prévision et de la statistique du Sénégal). Lequel recensement révélait que seuls 5,44% de la population sénégalaise n'appartiennent pas aux confréries. Vous me direz sans aucun doute que depuis 1988, l’islam réformiste incarné par ceux qu’on appelle «ibadou» (un terme four-tout) a gagné du terrain. 

 

Certes, mais cela n’a pas pour autant affecté l’hégémonie des confréries confirmée par une étude de 2016 sur la banlieue sénégalaise réalisée par Timbuktu Institute du Dr Bakary Sambe. Cette étude citée par Niane dans son texte révèle que seuls 7% des jeunes et femmes interrogés déclaraient n’appartenir à aucune confrérie. À Rosso Sénégal d’où est originaire l’un des recruteurs sénégalais de Boko Haram (Aboubacry Guèye), une autre étude de Timbuktu réalisée en 2018 a montré que les jeunes sont à 98,6% affiliés aux quatre confréries contre 97% à Vélingara, dans la région sud de Kolda.  

 

Mais face à l’offensive des mouvements de contestation de l’Islam confrérique, ce dernier souffre de l’éclatement de son champ. À ce constat de Seydi Djamil Niane s’ajoutent les différentes orientations idéologiques et politiques au sein d’une même famille religieuse. Or les confréries gagneraient à parler d’une seule voix et à agir ensemble pour contrer l’extrémisme violent. Les récents événements socio-politiques au Sénégal (les accusations de viol contre un homme politique qui ont failli basculer le Sénégal dans le chaos) ont rappelé aux confréries qu’elles ont un rôle majeur à jouer dans la stabilité du pays. 

 

« Les religieux ont encore une fois joué leur rôle. Dans les moments de crise, on se retourne vers eux pour leur demander d’intervenir, car ils sont les dépositaires des cœurs, de la sensibilité du peuple. Ils ont joué sur cette corde pour faire revenir la paix. Et uniquement pour la paix. Il y a une mauvaise perception que les gens ont de plus en plus du religieux, qu’ils sont des parasites, qu’ils sont dans des dispositions à se nourrir du sang du peuple, on leur donne de l’argent gratuitement. C’est une fausse perception que les Sénégalais ont de plus en plus des religieux. Mais dans cette affaire, ils ont, une fois encore, montré qu’ils ne sont pas dans ce registre et qu’ils sont dans des schémas de régulation», confiait au quotidien l’As, Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Amine, bras technique de la médiation entreprise par les émissaires des Khalifes généraux pour une sortie de crise. Mais le Khalife Général des mourides s’est particulièrement fait remarquer en soutenant et en accompagnant (moralement et financièrement) les familles des victimes des manifestations de mars. 

 

Exposé préparé par Abdou Khadir Cissé (journaliste à Dakaractu) pour la table ronde numérique du comité thématique international/Europe de Génération S sur le thème : Crise au Sahel, crise du Sahel (23 avril 2021)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

°Source: Dakaractu (Sénégal)

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