En Afrique, cinq bonnes raisons de découvrir l'archipel de São Tomé-et-Príncipe
Au large du Gabon, à la croisée de l'Équateur et du méridien de Greenwich, ce chapelet d'îles se dévoile uniquement aux voyageurs cherchant des destinations alternatives, des pépites encore sauvages, des refuges paradisiaques à la marge du monde.
À 240 km des côtes gabonaises, deux îles touffues émergent de l'Atlantique. Les Portugais en ont fait un territoire agricole, une plaque tournante de l'esclavage, puis une puissance cacaoyère mondiale. São Tomé-et-Príncipe est un état indépendant depuis 1975, le plus petit d'Afrique, et l'un des plus pauvres de la planète. Sa richesse ne se compte pas en dobras (la monnaie locale) mais en hectares de forêt vierge et en kilomètres de plages immaculées.
Rares sont les territoires alliant autant de sécurité, d'authenticité et de nature primaire. Celui-là en fait partie. Ici le tourisme n'en finit pas d'être balbutiant. Il ne peut être qu'écologique et c'est tant mieux. Voilà cinq étapes à marquer pour découvrir ce bout d'Afrique enchantée.
Se balader dans les rues de São Tomé
La capitale s'enroule face à la mer. 72.000 personnes vivent dans cette grosse bourgade tropicale, empreinte d'une atmosphère coloniale. Le fort São Sebastião érigé par les Portugais au XVIe siècle abrite le Musée national qui survole toute l'histoire du pays. Face au palais présidentiel, la cathédrale Notre-Dame-de-Grâce a été remodelée en 1956 et revêt de belles mosaïques d'azulejos sur ses parois intérieures.
Partout dans les rues, des vestiges d'édifices coloniaux aux murs fatigués transpirent une Histoire vieille de 500 ans, alors qu'autour du marché central des hordes de taxi jaunes jouent des coudes avec d'antiques motos occidentales, donnant au tout un charme vintage à cette capitale de poche.
Découvrir la culture du cacao
Après avoir planté de la canne à sucre, les Portugais se lancent dans la culture du cacao à la fin du XIXe siècle. Les affaires fonctionnent. São Tomé-et-Príncipe devient premier producteur mondial en 1913. Les maîtres européens sont alors à la tête d'immenses plantations baptisées roças, depuis tombées en désuétude. Au nord de Principe, la Roça Sundy a été rachetée par Mark Shuttleworth. Ce milliardaire sud-africain tombé amoureux de l'île a fait restaurer - entre autres - une maison de maître pour la transformer en hôtel de grand charme.
À la manœuvre, l'architecte français Didier Lefort. La plantation de cacao a aussi été relancée et on y découvre désormais toutes les étapes de la fabrication du chocolat, de la récolte des cabosses, jusqu'au moulage des plaques de ce trésor noir à 60 ou 70 %.
Lézarder sur des plages de rêve
Quand les Portugais découvrent l'archipel en décembre 1470 et janvier 1471, São Tomé-et-Príncipe ne sont que bouts de terre vierge, sans hommes et recouverts de forêts. Si João Santarem et Pedro Escobar, les deux explorateurs, naviguaient de nouveau dans le coin aujourd'hui, ils ne reconnaîtraient pas l'endroit. Le pays est resté en grande partie sauvage, tapissé de jungles humides presque impénétrables, et ceinturé de plages de sable cuivré, pour la plupart désertes.
La plupart sont plus facilement accessibles par la mer que par la terre. Elles sont des refuges idéals pour une journée de robinsonnade en toute tranquillité. Praia Boi ou Praia Macaco sont de tels havres de paix vierges de toutes civilisations que des tortues viennent y enfouir leurs œufs en hiver.
S'ébahir devant la baie des Aiguilles
Les deux îles ont des racines volcaniques. De hauts rochers acérés émergent au-dessus de la verdure et s'élancent vers le ciel. La moitié sud de Principe est classée Parc Naturel et Réserve de Biosphère par l'Unesco. Au centre du parc, culminant à 948 m, le Pico de Principe est le plus haut de ces gros doigts rocheux.
À les admirer en bateau, depuis la baie des Aiguilles, ils ressemblent à des géants de pierre. Pour peu que des nuages s'accrochent à leurs cimes, le paysage ressemble à un décor de Jurassic Park dans lequel on n'attend plus que le cri déchirant d'un T-Rex affamé.
Fantasmer devant la Bouche de l'Enfer
Sur la côte orientale de São Tomé, près de la Praia Izé, des orgues basaltiques forment une sorte de Chaussée des Géants tropicale. Sur le site de « la Bouche de l'Enfer », la mer s'engouffre dans une faille rocheuse. La légende dit qu'un baron local se serait engouffré dans cette échancrure sur un cheval blanc, et en serait ressorti... au Portugal, près de Cascais où se trouve une autre « Bouche de l'Enfer » similaire. Nombreux santoméens ont tenté de prouver la légende. Aucun n'en est revenu. Ils coulent certainement de beaux jours...au ciel... ou au Portugal ? La légende perdure.