Foire de Nouakchott : Général Emballage veut se renforcer en Mauritanie
Les entreprises algériennes comme Général Emballage s’intéressent davantage au marché mauritanien. À la Foire des produits algériens de Nouakchott (19-24 janvier), de nombreux groupes publics et privés algériens ont décidé de participer pour renforcer leurs positions sur le marché local ou s’y installer.
Parmi ces entreprises figure Général Emballage, le leader algérien du carton ondulé qui a de grandes ambitions en Mauritanie. Déjà présent dans ce pays depuis 2015, le groupe privé cherche à y renforcer ses positions.
« Après la coupure due au Covid-19, nous sommes présents à cette foire afin de renouer le contact avec nos partenaires mauritaniens et élargir notre portefeuille clients dans ce pays qui représente une importante zone de consommation du carton », explique à TSA Mohamed Bessa, directeur de communication de Général Emballage.
En Mauritanie, parmi les activités consommatrices de carton figure, la production et l’exportation de poissons, l’eau minérale et les laitages. La Mauritanie est un grand exportateur de poissons et a besoin de caisses en cartons pour emballer et exporter ses produits.
En 2021, la Mauritanie a exporté pour 586 millions d’euros de produits de la pêche, soit 21 % de ses exportations globales du pays, selon les chiffres officiels.
Pour Général Emballage et les entreprises algériennes d’une façon globale, la Mauritanie est un marché important et stratégique où il faut être présent. Cet intérêt pour le marché mauritanien se reflète dans la forte participation des entreprises algériennes à la Foire de Nouakchott.
Mais en dépit de la proximité géographique, des liens politiques et culturels entre les deux pays ainsi que des potentialités économiques algériennes, l’Algérie n’est pas un partenaire économique de la Mauritanie.
En 2021, la Chine était le premier fournisseur de ce pays devant l’Italie, le Canada et la France alors que l’Espagne était son premier client, devant les Émirats arabes unis et la France.
En 2021, la Mauritanie a exporté pour trois milliards d’euros, principalement du minerai de fer (1,5 milliard d’euros) et des poissons (580 millions d’euros). Durant la même période, le pays a importé pour 3,2 milliards d’euros principalement des produits pétroliers (26 %) et les équipements.
Les échanges économiques entre la Mauritanie avec l’Algérie qui restent très faibles devraient connaître un bond significatif après le bitumage de la route reliant Tindouf (sud-ouest algérien) à Zouerate (Mauritanie). Actuellement, les exportations algériennes vers la Mauritanie se font par voie maritime ou via cette route stratégique, mais qui est une piste rocailleuse difficilement praticable pour les transporteurs.
Seul le groupe public algérien Logitrans propose des navettes fiables pour les exportateurs algériens qui veulent vendre leurs produits en Mauritanie. Une fois modernisée, cette route va permettre à l’Algérie d’exporter davantage de produits vers la Mauritanie.
Pour les exportations par bateaux, elles représentent deux inconvénients : la durée de la traversée maritime qui est d’un mois et l’absence d’une offre fiable de la part de la CNAN, selon des opérateurs algériens présents à la Foire de Nouakchott.
Algérie – Mauritanie : deux obstacles à supprimer
L’autre obstacle qui empêche le développement des relations économiques entre l’Algérie et la Mauritanie, ce sont les droits de douanes élevés appliqués par ce pays sur les produits algériens. La Mauritanie ne fait pas partie de la Grande zone arabe de libre échange alors que la zone africaine de libre échange peine à se mettre en place. Un accord bilatéral préférentiel permettrait aux deux pays d’augmenter leurs échanges commerciaux.
Pourtant, l’Algérie a des atouts considérables en Mauritanie. Puissance économique régionale avec ses hydrocarbures et ses entreprises comme Général Emballage, Cevital, Sonatrach, l’Algérie peut aussi s’appuyer sur son aura dans ce pays voisin.
L’Algérie bénéficie d’un « prestige étincelant » auprès des Mauritaniens, témoigne un chef d’entreprise algérien qui prend part à la Foire de Nouakchott.
« Cette aura est due à diverses raisons historiques, politiques, diplomatiques, etc. En comparaison, les Mauritaniens n’oublient pas l’inclination impérialiste du Maroc qui se projette dans une aire s’étendant du fleuve Sénégal à la méditerranée », tacle-t-il.
En août dernier, un célèbre prédicateur marocain Ahmed Raïssouni, alors président de l’Union mondiale des oulémas musulmans, avait appelé à « marcher » sur Tindouf », et a qualifié « d’erreur » l’existence de la Mauritanie qui devait être, selon lui, rattachée au Maroc.
« Le Maroc doit retrouver la forme qu’il avait avant l’invasion européenne, quand la Mauritanie en faisait partie », a lancé Ahmed Raissouni qui a été ensuite poussé à la sortie de l’Union mondiale des oulémas musulmans. Ces propos, qui avaient provoqué un tollé en Mauritanie et en Algérie, ont montré une nouvelle fois les visées expansionnistes du Maroc vis-à-vis de ses voisins maghrébins.